Donner du sens aux valeurs de démocratie : le voyage mémoriel des lycéens de Bar-le-Duc
Une équipe pédagogique qui a relevé un défi, une thématique grave et importante, des élèves qui ont accepté de travailler sur un projet au long cours, des institutions partenaires comme la région Grand Est, le Mémorial de la Shoah, les Archives départementales, et la participation de Meuse FM, les ingrédients étaient présents pour construire finalement bien plus qu’un simple voyage scolaire à Auschwitz.
Barbara Martischang l’explique d’emblée : « c’est l’appel à projet du rectorat Nancy-Metz et du Mémorial de la Shoah qui nous a encouragé à initier ce projet transdisciplinaire ». La professeure d’histoire géographie au lycée Raymond Poincaré de Bar-le-Duc n’en est pas à son coup d’essai : « c’est une habituée des projets » nous précise Alexis Jannot, journaliste à Meuse FM. Barbara emmène ainsi avec elle plusieurs disciplines comme la philosophie, la professeure documentaliste, un journaliste radio… Le projet prend forme peu à peu et devient de plus en plus ambitieux, et innovant : en dehors du voyage à Auschwitz, Barbara Martischang veut travailler les compétences orales des élèves, en recueillant des témoignages à chaud à travers des enregistrements audio, via une astucieuse utilisation de la plateforme Quizinière de Canopé. Chacun trouve peu à peu sa place dans le projet, et l’enrichit.
« Faire réfléchir les élèves aux enjeux mémoriaux, et plus globalement aux valeurs de la démocratie, en ayant à l’esprit qu’il fallait les préparer aux compétences orales »
Chaque sortie est soigneusement préparée ; Sandrine Philippe, professeure documentaliste du lycée, nous précise que l’objectif était à la fois de recueillir des impressions spontanées, via des enregistrements audio, mais aussi d’avoir des témoignages montrant un certain recul. Ce système de carnet de bord audio a fait sens en même temps que fil conducteur tout au long de l’année : la visite du camp d’Auschwitz a donc été une étape et non une fin en soi. L’objectif affiché est bien de reconnecter ces impressions avec les cours d’EMC, d’histoire, ou encore de philosophie. Les élèves ont notamment suivis l’histoire d’une famille de déportés originaire de Bar-le-Duc. Laya, élève de Terminale STL nous raconte : « une fois sur place, on se rend compte de la grandeur d’Auschwitz ».
Le retour d’Auschwitz a donné lieu à une présentation du projet à l’hôtel de région, à Strasbourg. Alexis Jannot se rappelle : « je me souviens avoir préparé l’intervention des élèves, leur posture, la façon dont ils devaient tenir le micro ». Barbara nous précise en effet : « la classe n’était pas à l’aise à l’écrit, ni dans la discipline qui ne tient pas une place majeure en STL ». Mais les élèves ont gagné confiance en eux, ont bien souvent dépassé leurs appréhensions à travers un travail centré sur l’oral. « Peu à peu, ils osaient », nous dit Barbara pour qui un nouveau champ des possibles s’est ouvert : la classe s’est montrée plus dynamique, plus soudée. Le projet a créé des liens entre les professeurs ; Sandrine Philippe précise que « chacun s’est senti valorisé ». De quoi apprendre encore sur la façon dont un groupe d’élèves s’empare d’un projet d’ampleur. De quoi également faire le plein d’idées pour les prochaines années, en initiant de nouvelles façons d’enseigner ou de participer à des voyages scolaires…