L’ordinaire pédagogique dans le premier degré

Notre travail vise à faire émerger des savoirs ordinaires. Ce sont des savoirs qui font vivre quotidiennement une équipe pédagogique, qui organisent les pratiques quotidiennes. Il faut se convaincre, démarche qui reste de militantisme pédagogique (Hameline, Chouvier), que la hauteur de vue d’un écrit ne consiste à se dégager des particularités des intérêts privés, ni des singularités d’affects, de situations et d’expériences. Nous ne visons pas à nous placer en surplomb dit théorisant : le haut niveau de généralité des savoirs pédagogiques n’a guère d’échos dans les pratiques pédagogiques. Au mieux il culpabilise s’il est lointain et tance les praticiens de faire ce qu’il édicte. Au pire il est rejeté comme théorisant, jargonneux, ésotérique. Le savoir ordinaire que nous visons à élaborer dans le travail de recherche de cette école est le savoir des situations banales (de Certeau) qui a toute sa place, son brillant, dans la hiérarchie des savoirs, à la condition d’être entendu, repris, élaboré. La recherche que nous menons vise à la mise en exergue de ces savoirs. La frontière entre celui qui est le tenant du savoir (universel, abstrait, théorique) et les personnes qui vivent la situation et la pensent n’est pas étanche. Elle devient au contraire poreuse, et s’infiltre des considérations qui circulent dans les deux sens. Sur ce plan nous sommes proches d’une conception utopique tant du métier (comme impliqué, ce qui ne semble pas faire l’unanimité et qui correspond ici au choix des enseignantes de cette école) que de l’émergence des savoirs. Habituellement les savoirs sont l’apanage des universitaires (des savants), avec des règles de production, d’exhibition, de logiques discursives qui leur sont propres et qui relèvent également de la définition de champs disciplinaires d’appartenance. Ici, le discours partira des expériences, des vécus, de personnes qui se disent non spécialistes (des profanes, des gens d’expérience) des sciences humaines. Le discours n’est pas général, il est concret et vise à être partagé, communiqué, explicité. – Le bilan

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