« Rap ta paix » : l’expression artistique au service des langues et du respect

Au lycée Alfred Mézières de Longwy, la créativité se met au service de l’apprentissage des langues vivantes. Le projet « RAP TA PAIX », porté par Mme Gulsun Firik, professeure d’espagnol, propose une approche originale pour mobiliser les élèves autour de la musique, du rap et de la danse hip-hop. S’inscrivant dans le cadre de la Semaine des Langues sous le thème « Des langues pour créer, innover et s’engager », ce projet invite les élèves à s’exprimer à travers le rap afin de porter un message fort autour des valeurs européennes et des messages universels que les élèves souhaitent aborder.

Lors d’un travail en classe, l’étude d’un texte de rap a suscité un vif intérêt chez les élèves, leur offrant une nouvelle manière de s’approprier une langue étrangère et de s’exprimer. Les élèves ont ainsi démontré un véritable engagement et un désir de transmettre des idées en utilisant leur plume. Cette approche leur permet de surmonter leurs réticences à l’oral et de prendre confiance en eux.

Ce projet se construit à partir de plusieurs thématiques travaillées en classe, notamment le sport, le patrimoine et les valeurs européennes. Il s’appuie sur la Journée européenne des langues comme point de départ et ambitionne d’exploiter des éléments comme le Mur des langues pour valoriser les cultures et intégrer une dimension corporelle avec la danse. Cette journée avait déjà pour devise « les langues pour la paix ».

Des objectifs pédagogiques multiples

L’initiative « RAP TA PAIX » vise plusieurs objectifs :

• Encourager la créativité et l’expression artistique, en développant l’écriture et l’interprétation musicale.
• Stimuler l’apprentissage des langues vivantes, en amenant les élèves à s’exprimer dans différentes langues à travers la musique.
• Valoriser les thématiques abordées en cours, telles que le sport, le respect, la place des femmes dans certains secteurs, la place des indigènes en Amérique latine, ou encore la quête de l’identité. D’autres thématiques apparaissent sur des causes qui tiennent à cœur aux élèves en abordant notamment le sexisme, les micro-agressions, le racisme ou encore le harcèlement.
• Favoriser la collaboration et la cohésion entre élèves, en les impliquant activement dans l’écriture et la mise en œuvre de leurs chansons.
• Explorer l’expression corporelle grâce à la danse hip-hop et à la mise en scène.

D’un point de vue linguistique, les élèves enrichissent leur vocabulaire et renforcent leur maîtrise de la grammaire ainsi que des figures de style. D’un point de vue artistique, ils développent leur sens créatif à travers la musique et la danse, et apprennent à transmettre des émotions de manière non verbale. D’un point de vue pragmatique, la mise en œuvre d’un travail de groupe permet aux élèves d’apprendre à collaborer avec un pair, à se répartir les tâches et à accomplir une mission dans un temps imparti.

Une mise en œuvre progressive et collaborative

Le projet se déroule en plusieurs phases, mobilisant différents acteurs du lycée et des intervenants extérieurs.

Phase 1 : Préparation en classe

Les élèves travaillent par groupes sur des thématiques définies en lien avec les séquences étudiées. Ils écriront des paroles de rap en plusieurs langues, accompagnés de ressources telles que des dictionnaires de synonymes, des références littéraires et des recherches sur les figures historiques et sportives, le témoignage de l’assistante de langue vénézuélienne. Chaque groupe sélectionnera une instrumentale libre de droits pour accompagner son texte.

Phase 2 : Rencontre avec un rappeur

Le 24 février, un rappeur est intervenu auprès des élèves pour les guider dans l’écriture et leur partager son expérience professionnelle. Cette session a été l’occasion d’aborder les aspects logistiques du métier et de collaborer sur une thématique forte : le respect.

Phase 3 : Représentation finale

Le 21 mars, une grande journée de restitution est organisée en deux temps :

• Matinée : entraînement et répétitions, présentation du travail élaboré en classe et avec le rappeur, performances des élèves.
• Après-midi : intervention d’une troupe de danse hip-hop, explorant l’histoire et l’ancrage culturel de cette discipline, suivie d’une initiation à la danse.
• Proposition d’arrêter le temps quelques instants pour réunir les élèves dans la cour et écrire le mot PAIX dans toutes les langues y compris en français et représenter ce mot avec son corps. Thématique clé, au vu du contexte géopolitique actuel. Immortaliser ce moment avec une photo aérienne.

Le spectacle suivra une structure en trois parties :

1. Introduction : mise en avant du patrimoine linguistique à travers une chanson commune.
2. Performances individuelles : chaque groupe interprétera sa création, mettant en lumière les thématiques choisies.
3. Final collectif : une chanson commune autour du respect, réunissant tous les participants.

Un projet aux apports multiples, mobilisant les équipes et les partenaires

Ce projet se distingue par sa dimension interdisciplinaire et son caractère innovant, intégrant la musique et la danse dans le cadre scolaire. Son impact dépasse la simple acquisition linguistique :

• Une sensibilisation à l’art et à la culture, en collaboration avec des professionnels du rap et de la danse.
• Un engagement accru des élèves, qui deviennent acteurs de leur apprentissage et prennent plaisir à exprimer leurs idées.
• Un renforcement du bien-être scolaire, en créant un sentiment d’appartenance et de fierté autour du projet.
• Une valorisation des compétences transversales, notamment en communication et en collaboration.
• Une ouverture vers l’international, avec la possibilité d’étendre le projet via la plateforme eTwinning.

Ce projet mobilise une équipe éducative composée de professeurs d’espagnol, d’italien, d’anglais, d’e documentalistes et d’enseignants en d’EPS. L’option cinéma du lycée sera également impliquée pour filmer et monter les performances.

Les élèves bénéficieront du soutien d’intervenants extérieurs, notamment :

• L’association Mixité Hip-Hop, avec le danseur Sekoum Sadat.
• L’association Le Lab Cool, avec le rappeur Lucas Croisier.
• Le Républicain Lorrain, pour une couverture médiatique du projet.

Un projet évalué sur plusieurs dimensions

Le succès du projet sera mesuré à travers plusieurs indicateurs :

• L’implication des élèves, leur engagement et leur capacité à transmettre un message clair.
• L’impact sur la réussite scolaire, notamment par la baisse de l’absentéisme et l’utilisation du projet comme support pour les épreuves orales.
• L’évolution des pratiques pédagogiques, en favorisant une approche collaborative et interdisciplinaire.
• La valorisation de l’établissement, en mettant en avant la voie professionnelle et en renforçant son rayonnement national.

Dès les premières étapes du projet, un impact positif est observable : les élèves prennent goût à l’expression orale et artistique, et l’espace classe devient un lieu de création et de partage. Le CDI s’impose comme un espace de travail collaboratif, et les relations entre enseignants et élèves évoluent vers une dynamique plus horizontale et engageante.

En intégrant des formes d’expression modernes et motivantes, « RAP TA PAIX » transforme la perception de l’école et ouvre de nouvelles perspectives d’apprentissage. Ce projet ambitieux pourrait même s’étendre à l’international, avec la possibilité d’impliquer des établissements étrangers via eTwinning. Le slogan de ce projet est également représenté par l’anagramme du mot RAP, qui met en avant non seulement l’aspect interlinguistique, mais aussi les valeurs d’unité : Respeto, Amicizia et Peace.

Avec « RAP TA PAIX », la musique et les langues deviennent de puissants vecteurs de respect et d’engagement, unissant élèves et enseignants autour d’un message universel.