Le tutorat entre pairs : un projet qui développe l’autonomie des élèves
Au lycée Felix Mayer de Creutzwald, un projet initié par Fanny De Rossi a vu le jour pour répondre à une problématique courante dans la transition entre collège et lycée : le manque d’autonomie des élèves, leurs failles dans l’organisation de leur emploi du temps et dans l’anticipation des tâches scolaires demandées, du niveau de Seconde au niveau de Terminale. Fanny De Rossi est professeure de mathématiques : elle avait à cœur de développer un projet au service des élèves, au regard de son parcours personnel dans lequel le tutorat avait une place particulière, et de son expérience professionnelle au lycée Felix Mayer, où l’enseignante cherchait à la fois à améliorer l’attention des élèves, leur implication, et à fortiori leur bien-être en classe par un moyen original, qui ne serait pas généré directement par les enseignants, mais bien par les élèves entre eux. Dans ce lycée qui plus est, la difficulté liée aux spécialités n’est pas à négliger : dès l’ouverture du tutorat, une forte demande en « Spé-Maths » s’est rapidement fait sentir, avant que le projet ne connaisse également un succès dans d’autres disciplines comme les SES, la philosophie, la physique-chimie…
Une relation de coopération fructueuse
Le tutorat au lycée Felix Mayer a été fondé dans une logique de volontariat : les tuteurs comme les tutorés sont volontaires pour à la fois suivre et accompagner un élève et être suivi et accompagné. Les enseignants gardent une marge de manœuvre intéressante : les professeurs principaux peuvent par exemple suggérer tel ou tel binôme, par exemple, ce qui demande une souplesse de chacun des acteurs de l’établissement. Concernant le contenu des échanges, plusieurs pistes sont envisagées même si dans un premier temps une liberté a été laissée aux groupes : il sera sans doute question à l’avenir d’une entraide sur la posture de l’élève, sur les méthodes les plus efficaces pour apprendre à apprendre, par exemple. Un bilan a déjà été pensé et sera bientôt distribué aux tuteurs et aux tutorés, de façon à affiner et alimenter le contenu des échanges au sein de chaque binôme.
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Un projet qui demande une logistique fine et qui convoque les efforts de toutes les équipes du lycée
Le tutorat a d’abord été imaginé dans une logique de périodisation au sein du lycée, pour habituer peu à peu les élèves à cette nouvelle possibilité. La direction de l’établissement s’est elle-même emparé du projet en se chargeant de l’inscription dans l’emploi du temps des élèves volontaires. Les services de Vie Scolaire, l’ensemble des équipes pédagogiques y ont peu à peu vu une opportunité, en s’inscrivant par touches ponctuelles dans ce projet qui est devenu le centre d’une logistique de plus en plus fine. Débuté l’an dernier, le projet de tutorat a connu un vif succès dès ses débuts, qui se confirme avec un nombre croissant d’élèves volontaires (tuteurs et tutorés) cette année. L’idée recueille l’adhésion des familles, en particulier en Seconde, devant le constat d’un fossé dans les résultats scolaires entre la sortie du collège et l’entrée au lycée. Aujourd’hui, on compte 88 élèves tutorés avec des créneaux dédiés.
Un projet à suivre, qui va évoluer et sans doute se pérenniser
Fanny De Rossi le concède : son projet doit s’étendre pour ne plus être seulement le sien mais un projet collectif, qui donc aura des chances de se pérenniser sur le long terme, et peut-être de faire partie de l’identité du lycée Felix Mayer. Reste des questions et des solutions à trouver : M. Metra, proviseur de l’établissement, soulève la question de la nécessité d’un espace dédié pour les tuteurs et les tutorés : une salle est dores et déjà mise à disposition et l’équipe pédagogique a fait en sorte d’y créer une atmosphère propice aux apprentissages, en mettant des ressources et des tableaux blancs à disposition dans l’attente d’un espace dédié entièrement consacré à cette pratique et équipé en fonction.
Les initiateurs du projet veulent aussi réfléchir à former les tuteurs, penser le contenu des échanges à partir des apports de la recherche scientifique sur le sujet (Alexandre Gaborit, Sylvain Connac). Et pourquoi pas valoriser les tuteurs ? Déjà inscrit sur le parcours individuel de l’élève volontaire, les valorisations possibles sont nombreuses, du badge à la remise des prix, à titre d’exemple, comme un flambeau distribué en relai…
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